Rapport de Falstaf Thorkinson au Thing

Après avoir déposé ses armes à l'entrée du château, Falstaf se dirigea vers la salle d'audience où se tenait l'assemblée du Thing. Sa mine était sombre, et son regard semblait lointain.
La poussière qui recouvrait son armure témoignait du long chemin qu'il venait de parcourir, et de l'urgence de la réunion qu'il avait provoquée. Jamais en effet un samouraï du Clan du Dragon ne se serait présenté dans un tel état au Conseil du Thing, si les évènements ne l'exigeaient. Et surtout Falstaf Thorkinson.
Il se dirigea vers l'Ancien qui présidait et s'agenouilla devant lui, comme l'exigeait la tradition.
Voici le récit qu'il fit au Conseil :

Citation :

Alors que je m'étais lancé dans la quête de notre Peuple, dictée par le kami Dragon, je croisais à hauteur du sanctuaire harkshire l'un de ses Sombres qui semblent errer sur Eikwanda.
Il essaya de se dissimuler, mais contrairement aux autres de sa race que j'ai rencontré pour l'instant, celui-ci paraissait assez inexpérimenté.
Je n'eu aucun mal à suivre sa trace. Il fila à travers tout Eikwanda, cherchant à me semer. Il s'aventura jusque dans le repaire de Mercéliande, espérant me voir tomber sous le poison des filles de celles-ci. Il m'affronta dans la jungle refusant de se rendre, me tendant des embuscades, en se servant de son arc. Il me parla même, et c'est ainsi que naquirent mes premiers doutes. Je connaisais cette intonation, certes la voie semblait déformée, brisée, mais celle-ci éveillait des souvenirs en moi. La traque se poursuivit. Des Forestians du sanctuaire de Gwenhihorst m'indiquèrent la direction de Boisangle. Là, ce perfide essaya de me faire tomber tête baisser dans les sentinelles orcs. Mais je déjouais ce piège diabolique, et je poursuivis ma poursuite. C'est en arrivant au Frostring et en le voyant se lier d'amitié avec un ours polaire que je compris.
Seul l'un des nôtres était capable de cet exploit : Sigfried Leifsiegsson. La mort dans l'âme j'abbatis d'abord l'ours, ensuite je me tournais vers mon ennemi, acculé. Celui-ci, avec qui jadis j'avais combattu dans les profondeurs de la Citée sous-terraine et qui m'avait aidé à obtenir mes armes des Jumeaux, semblait être dénué de tout sentiment. Il refusa de se rendre et je fus forcé de le tuer. C'est avec tristesse que je vous rapporte la perte de l'un des meilleurs d'entre nous.
Je fais, devant ce Conseil, le serment de percer le secret d'Eikwanda et de tout faire pour que ceux d'entre nous qui auront été pervertis par ce Continent, retrouvent la raison et puisse rejoindre leur famille et leur Clan."

Après ces paroles, Falstaf se leva et quitta le château. Certains affirment que des larmes coulaient sur son visage. Il se dirigea vers le port et, d'un air décidé, embarqua vers Eikwanda.

Le jour se levait lorsque Siegfried fut renvoyé chez lui. Les premiers rayons du soleil jouaient avec le grand chêne aux feuilles rouges sous lequel il aimait s'arrêter. Mais aujourd'hui il ne prêta aucune attention à ces jeux de lumière et d'ombre : il était préoccupé. Il l'avait reconnu bien sûr, il l'avait tout de suite reconnu.
Son ancien Senseï, auprès de qui il avait tant apprit, en qui il se souvenait avoir eu une telle confiance qu'il l'aurait suivi sans hésiter dans l'antre d'un Dragon Noir. Falstaf Thorkinson.
Les lèvres de Siegfried remuèrent à peine sous sa profonde capuche noire, comme il prononçait ce nom à voix basse. Des bribes de souvenirs de sa vie passée affluèrent, se pressant à son esprit comme une horde de saumons remontant une rivière. Il ne put contenir un cri, un hurlement rauque qui se mua bientôt en sanglots étouffés.
Pourquoi, pourquoi ceux qui étaient amis devenaient ils ennemis ?
Parce que le Cycle ne doit pas être brisé, parce qu'ils ne doivent pas atteindre le coeur d'Eikwanda. Jamais. Je protègerai et je chérirai la Vie, je protègerai et je chérirai chaque grain de ces Terres comme s'il s'agissait de mes enfants.
Siegfried se rappellait du Serment Sombre. Il comprit qu'il n'y avait pas d'autre solution que la guerre, pas d'autre espoir que la mort. Il sentit monter en lui l'amour d'Eikwanda, et la force de tout un monde qui affluait à travers ses membres.
Il se leva : Perphydia arrivait. Ils restèrent un instant face à face, puis partirent l'un derrière l'autre. Un long labeur les attendait. Ils n'avaient pas prononcé un seul mot.